L'atelier de Lodève s'expose à Paris.

Cette exposition sera également visible lors des Journées Européennes du Patrimoine, au sein du Palais de l’Élysée, les 20 et 21 septembre. 
Inscrite dans le parcours muséal de la Maison de l'Élysée, l’exposition retracera l’histoire de l’annexe de la Savonnerie de Lodève, des premières licières jusqu’à la vie actuelle de l’atelier.

En septembre 1964, une soixantaine de familles d’anciens harkis s’installa à Lodève sur la base d’un savoir-faire puisé dans le patrimoine culturel nord-africain des femmes, le tissage. Par décision d’André Malraux, le modeste atelier abrité dans un baraquement militaire, passera du Ministère de l’Intérieur à celui des Affaires Culturelles et intégrera le Mobilier national en 1966. Leur vie durant, ces femmes venues d’Algérie, ont ainsi tissé des tapis qui orneront les hauts lieux de la République, sur le sol français et à l’étranger.
Soixante ans plus tard, l’association Mémoires Méditerranée rend hommage à ces tisseuses de tapis, mais aussi de liens familiaux et sociétaux, en mettant à l’honneur leur résilience et leur savoir-faire, longtemps restés invisibles.

À la fois patrimoniale, historique et intime, l’exposition réunira tapis, photographies, objets personnels, documents d’archives, articles de presse et œuvres contemporaines.

Présence des licières

Du 24 au 27 septembre, 29 personnes feront partie de la délégation lodévoise : des licières à la retraite, 2 liciers en activité et les filles de licières décédées ou dans l’incapacité de se déplacer.

Les autrices et lectrices des textes déclamés lors de l’événement de 2024 seront également présentes.

Deux lectures sont programmées : lors du vernissage de l’exposition à la Maison Elysée et lors de la rencontre à l’Assemblée nationale, en présence de la présidente de l’Assemblée nationale, Madame Braun-Pivet.

Les Courageuses

Parcours de l'exposition.

Les origines de la manufacture de Lodève

La première partie du parcours rend compte de la genèse de l’atelier. Comment les licières ont-elles été recrutées ? Comment cet atelier, abrité dans un ancien baraquement militaire, finit-il par intégrer le Mobilier national ?
Comment fonctionne-t-il aujourd’hui ?

Les premiers tapis

Quelle influences opèrent sur les premier ouvrages des licières ?
S’agit il d’un artisanat algérien traditionnel? Comment passent-elles du « point noué de Tlemcen » au point Savonnerie actuel ?

Les licières

Ayant démarré comme simples « ouvrières du tapis » dans les années soixante, en 1986, les licières seront titularisées comme « artistes licières » de catégorie C, avec une formation professionnelle au dessin, similaire à celle des liciers parisiens.
Comment s’est passée cette évolution?
A l’intersectionnalité, la reconnaissance de leur travail a longtemps été ralentie, par leur triple condition de femmes, musulmanes « rapatriées » et ouvrières, ainsi que par le poids du passé colonial et de la guerre d’indépendance algérienne dans l’histoire française.

Le regard porté sur les licières

Très vite, des les années 1960, l’atelier de Lodève a suscité l’intérêt de la presse et des médias locaux, davantage s’intéressés par le statut social des licières et leur intégration en France que par leur travail artistique.
Dans les années 1970, l’intérêt des médias évolue progressivement vers le travail technique des femmes, notamment grâce au travail de chercheurs et universitaires, tout en restant teinté d’exotisme et de références à leurs origines algériennes.

Les tapis contemporains

Concomitamment à la production des tapis dits algériens et aux copies de tapis de style, les premières collaborations avec des artistes contemporains voient le jour dès 1965.

La vie autour de l'atelier

La première crèche de la ville

Lors de l’installation de l’atelier de tissage à Lodève, une crèche, la première de la commune, est mise en place pour accueillir les enfants des licières.

La cité de la gare

La cité SONACOTRA, appelée également cité de la gare, ou cité des tapis, a logé une grande partie des familles de licières.

L’Office National des Forêts

Employés à l’Office National des. Forêts, la plupart des maris des licières ont œuvré au reboisement et à l'aménagement de la forêt domaniale de Parlatges, constituée principalement de pins noirs, de buis et d’asphodèles du Causse.

Les tapis exposés

Cinq tapis seront présentés :

• Tapis tissé en Algérie

• Premiers tapis tissés à Lodève et Lascours

• Tapis de style dans le bureau doré

Les traces aujourd'hui

En dernière partie d’exposition, les œuvres de plusieurs artistes femmes contemporaines sont présentées : Quel regard intime portent Mehret Tedesse, Karima Tahiri et LA Fahrenheit sur les licières et sur cette expérience fondatrice dans la vie d’un être, l’exil ?

• Mehret Tadesse : broderies sur photos d’archives

• Karima Tahiri A. : œuvre "La Marianne" sur plaque métal

• LA Farhenheit : Fresque street art Lodève

Vidéos et dispositif audio

• Archives INA (reportage 1968)

• Archives départementales (film années 1980)

• Extrait du film Les Courageuses

• Court-métrage artistique «Mains à l’ouvrage »

• Textes lus (témoignages, poèmes, paroles de licières)

Les lieux d'exposition

Le salon Murat

Créé en 1807 par Joachim Murat, le Salon Murat fut la grande salle de réception de l’Élysée. Orné de toiles militaires (le Tibre franchi par Murat, le Rhin et le château de Benrath, la colonne Vendôme), il a accueilli l’élection de 1848 et le traité de l’Élysée en 1963. Autrefois salle du Conseil des ministres sous De Gaulle et Pompidou, il est aujourd’hui dédié à l’accueil des invités et conserve un mobilier Empire, Louis XVI et Restauration.

La Maison Elysée

Situé au au 88, rue du Faubourg Saint-Honoré, la Maison Élysée permet au public découvrir l’histoire et les coulisses de la Présidence de la République. Entre tradition et création contemporaine, l’exposition révèle le savoir-faire artisanal français à travers des pièces du Mobilier national, des commandes artistiques emblématiques et des archives uniques. Pièce maîtresse de l’exposition : la reconstitution du Salon doré, bureau des présidents de la Ve République, avec l’original du bureau Louis XV réalisé en 1740 par l’ébéniste Charles Cressent.

Rencontre Assemblée nationale

La rencontre à l’assemblée nationale aura lieu autour de la copie du onzième tapis de la galerie d’Apollon, conçu en 1997 à l’atelier de Lodève.

Tapis original :
- Année de conception : 1664
- Époque : Louis XIV (1643-1715)
- Dimensions (h × l × L) : 0 x 8,73 x 3,8 m

Copie de Lodève :
- Année de conception : 1987
- Style : Louis XIV
- Époque : 20e siècle, 4e quart
- Dimensions (h × l × L) : 0 x 9,27 x 3,86 m

L’exposition De l’usine des tapis au Mobilier national, une page d’histoire française sera présentée le 25 septembre.