Journée nationale d’hommage aux Harkis, présidée par la ministre déléguée pour la mémoire et les anciens combattants
Mis à jour le 28 septembre 2025
Patricia Mirallès, ministre déléguée pour la mémoire et les anciens combattants, a présidé une cérémonie en hommage aux Harkis, ce 25 septembre 2025, dans les jardins de l'Ordre de la Libération de l'Hôtel national des Invalides.


Retrouvez ci-dessous le discours de la ministre, prononcé à l'occasion de la journée nationale d'hommage aux Harkis, aux moghaznis et aux personnels des diverses formations supplétives et assimilés.
MINISTÈRE DES ARMÉES
Liberté
Égalité
Fraternité
DISCOURS DE MADAME PATRICIA MIRALLES,
MINISTRE DÉMISSIONNAIRE DÉLÉGUÉE
CHARGÉE DE LA MÉMOIRE ET DES ANCIENS COMBATTANTS
Paris, le 25 septembre 2025
Monsieur le député,
Madame la sous-préfète, représentant monsieur le préfet de la région Île-de-France,
Madame la sous-préfète représentant monsieur le préfet de la Police de Paris,
Mesdames, messieurs les élus,
Monsieur le gouverneur militaire de Paris, général,
Monsieur le délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme, et la haine anti-LGBT,
Monsieur le directeur de la mémoire, de la culture et des archives,
Madame la présidente de la commission indépendante de reconnaissance et de réparation des préjudices subis par les harkis,
Madame la directrice générale de l'office national des combattants et victimes de guerre,
Mesdames, messieurs les officiers généraux,
Officiers, sous-officiers, aviateurs, marins et militaires du rang,
Mesdames et messieurs les Harkis, moghaznis et membres de formations supplétives ainsi que leurs familles,
Mesdames et messieurs les représentants des associations d'anciens combattants et mémorielles Harkis,
Mesdames, messieurs les portes drapeaux,
Nous célébrons aujourd'hui la mémoire des Harkis, ces combattants français qui ont écrit une page singulière et importante de notre histoire.
« Célébrer les harkis et les autres membres de formations supplétives, c'est admirer un engagement, honorer un destin et reconnaître une dette. »
- @ECPAD

C'est aussi dire que la France ne serait pas tout-à-fait la même sans les traces laissées par cette histoire qui fut à la fois lumineuse et tragique.
L'histoire d'un engagement, d'abord. Celui de ces hommes issus de toute l'Algérie, qui ont fait le choix de servir une France généreuse. Leur histoire est celle du don de soi, du combat, de l'effort, de la fidélité à la promesse républicaine et citoyenne qui avaient tant à donner, et dont ils espéraient tant. C'est aussi celle d'une communauté soudée, dont la solidarité s'est forgée dans le feu des combats et les nuits d'insomnies.
Dans les Aurès, dans les Hauts Plateaux, à Constantine et à Oran, partout en Algérie, ils ont servi. Et malgré les euphémismes, ils savaient, eux, qu'ils étaient embarqués dans une guerre.
Une guerre terrible où chacun est sommé de choisir un camp. Une guerre fratricide, avec son lot de haines qui s'aiguisent, de villages qui se disloquent et de familles qui se divisent. Ils sont les acteurs déchirés d'une époque fracturée par la marche de l'histoire.
Une histoire qui se poursuit par un abandon dont la douleur s'est faite ressentir deux fois, sur chacune des rives de la Méditerranée.
En effet, quand la guerre prend fin pour beaucoup de soldats venus de métropole, leurs frères d'armes, les Harkis, sont, pour nombre d'entre eux, laissés sur place. Ils voient alors redoubler la violence du conflit, et avec elle son lot d'exactions, de tortures, de familles éplorées et de vies brisées.
Arrachés par le tragique de l'histoire à la terre de leurs parents, beaucoup n'ont trouvé d'autres refuges que leur fidélité à cette France qu'ils avaient pourtant davantage imaginée que connue.
Ils ne pourront oublier ni cela, ni celles et ceux qui, dans cette histoire par-delà l'indifférence et l'abandon, leur ont un jour tendu la main. Ils étaient officiers, institutrices, instituteurs, employeurs, élus de la République ou simples citoyens. Nous nous rappelons tous ici du général Meyer.
Ceux qui parviennent à poser le pied sur le sol de ce pays pour lequel ils ont combattu sont seuls, parfois accompagnés de leurs familles. Sous le choc d'une vie qui bascule, ils sont accueillis avec méfiance, circonspection ou suspicion, sans considération pour l'immensité des sacrifices qui furent les leurs.
Beaucoup sont destinés aux camps, aux hameaux de forestage, dans des conditions bien souvent indignes, incompatibles avec le respect qu'une Nation doit à celles et ceux qui ont pris les armes pour la défendre et qui sont ses citoyens.
« Le destin tragique des Harkis est une blessure de notre histoire qui nous concerne tous. Mais il est aussi devenu une part de notre mémoire nationale. »
- @ECPAD

Cette part est celle de la mémoire de combattants qui ont connu l'irréversibilité de leurs choix, de ces Harkis, Moghaznis, membres des groupes d'autodéfense, des groupes mobiles de sécurité ou des sections administratives spécialisées.
Combattants sur la terre qui les a vus naitre, ils sont nombreux à avoir décidé de poursuivre le combat une fois en France, après l'épreuve de l'accueil ingrat.
|| y a ceux qui ont continué de porter les armes de la France, et qui ont souvent terminé dans la gloire et la lumière une carrière entamée dans la discrétion et l'anonymat.

Et puis il y a les autres, nombreux et pas moins braves, qui ont poursuivi le combat dans les associations, auprès des pouvoirs publics, devant la justice; partout où ils ont pu défendre l'histoire et l'honneur qui sont les leurs. Si nous avons parcouru tout ce chemin ensemble, si aujourd'hui il ne demeure plus de passion triste entre l'histoire des Harkis et l'histoire de France, c'est notamment grâce à leur engagement qui n'a jamais faibli.
Cette communauté de mémoire qui nous réunit, c'est aussi celle des familles de Harkis.
Ce sont les souvenirs de ces femmes, dont certaines, les Harkettes, furent elles-mêmes combattantes, portant les armes comme les hommes et, pour certaines, ayant perdu un mari avant de s'engager. Elles ont suivi leur mari dans cet exil dont la brutalité ne permettait aucun espoir de retour et se rappellent de leur arrivée en métropole, du bruissement omniprésent d'une langue et d'une culture qu'elles ne connaissaient pas toujours.
Certaines, tisseuses, licières, se souviennent aussi de la beauté des tapis de Lodève, des points noués de leurs mains dépositaires d'un savoir-faire ancestral. Elles se souviennent de l'apprentissage d'une nouvelle vie dans la douleur du déracinement subi.
« Si nous célébrons aujourd'hui les combattants, que cette année soit aussi l'occasion d'un hommage renouvelé aux femmes de Harkis qui, dans toutes les familles, ont été des piliers souvent peu reconnus. En soutenant leur mari, en permettant à leurs enfants de grandir dans les meilleures conditions possibles, en trouvant quelque chose en elles après le désenchantement, en continuant à sourire malgré tout, elles ont, elles aussi, écrit l'histoire des Harkis quand bien même « mille pages d'écriture ne suffiraient pas à raconter toutes les misères subies ». »
- @ECPAD

La mémoire que nous avons héritée de l'histoire des Harkis n'est ni partisane, ni communautaire. C'est une part de notre mémoire collective, à la fois belle et tragique, qui est désormais inaliénable, et que l'on ne peut donc pas instrumentaliser.
Pour éviter cela, et alors que la première génération Harkis, celle des combattants, est en train de s'éteindre, il nous revient à toutes et tous de prolonger leur mémoire, et pour cela, de l'enrichir, de la consolider.
De la consolider grâce à un travail sur les archives, sur les témoignages, sur les souvenirs, sur tous ces moments de vie, anonymes ou glorieux, qui permettront demain de faire comprendre à la jeunesse française qui ont été les Harkis.
Ce travail de collecte d'archives, de recueil des témoignages, nous l'avons fait lors du centenaire de la Première guerre mondiale, nous l'avons fait l'année dernière lors du 80ème anniversaire des Débarquements et de la Libération. Il a été très fructueux, des initiatives ont émergé partout en France, des choses oubliées ont refait surface. Je souhaite que demain, il en soit de même avec l'histoire des Harkis.
Aussi longtemps que je serai à la tête de ce ministère, je serai aux côtés des volontaires pour les aider s'ils en ont besoin. Mais aujourd'hui, c'est d'abord et avant tout aux familles de Harkis de contribuer à ce travail d'écriture historique. Parce qu'il s'agit de leur héritage, parce qu'elles connaissent mieux que personne celles et ceux qui ont écrit cette histoire, et parce que c'est trop important pour ne pas être fait.
En rendant hommage aujourd'hui aux Harkis et à leurs familles, nous célébrons ce qu'ils ont apporté à la France en la défendant mais aussi la fidélité remarquable dont ils ont témoigné. Ils sont, comme d'autres dans notre histoire, un exemple de citoyenneté.
« La mémoire des Harkis est un hommage à la meilleure part de la France. Elle doit être valorisée, cultivée, diffusée. Plus que tout, elle doit être respectée. Mais aujourd'hui encore, des lieux dédiés aux Harkis sont vandalisés ou dégradés, quand ils ne deviennent pas le support d'inscription haineuse. Ces gestes de lâcheté blessent la mémoire des familles, insultent l'honneur des combattants, offensent la République elle-même. »
- @ECPAD

La Nation ne peut le tolérer, comme elle ne peut tolérer les discours haineux d'activistes obscurs, les comparaisons trompeuses de plateaux télévisés notamment lorsqu'elles sont énoncées par des personnalités publiques, les mensonges historiques de commentateurs stipendiés.
Aujourd'hui, chers membres de la communauté Harkis, je tiens à vous mettre en garde. Parce que depuis trop longtemps, à certaines dates qui ne doivent rien au hasard, certains dans notre cher pays essayent de profiter de votre histoire, de vous spolier de votre héritage, de gagner vos suffrages.
Alors soyez attentifs, et faites attention. Faites attention à celles et ceux qui se réveillent seulement lorsque leurs intérêts le demandent, faites attention à celles et ceux qui vous mentent et qui vous trompent. Faites attention à ce qui vous a été transmis de plus précieux, à votre histoire familiale, parce que vous en êtes les premiers défenseurs.
Depuis toujours, vous avez pu compter sur le ministère de la mémoire et des anciens combattants. Nous n'avons eu de cesse de vous défendre et de veiller au bon déroulement des indemnisations prévues par la loi. Le ministère, avec la CNIH et I'ONaCVG à ses côtés, s'est battu pour permettre l'élargissement des lieux d'accueil ouvrant droit à indemnisation. Nous devons encore travailler avec vous sur le rapport du contrôle général des armées pour réussir à valoriser toute la mémoire des Harkis.
Le Président de la République Emmanuel Macron a voulu tout cela. Cela fait déjà quelques temps, mais le temps n'enlève rien à l'ambition pétrie de justice qui fut la sienne, lorsqu'au nom de la France il a demandé pardon aux Harkis, lorsqu'il a soutenu la loi de 2022, à chaque fois qu'il a œuvré pour tisser plus étroitement l'histoire des Harkis et l'histoire de France.
Le Président Chirac avait le premier cherché à renverser la relation d'indifférence que la France entretenait jusqu'alors avec les Harkis. Ses successeurs ont, chacun à leur manière, progressé sur le chemin qui avait été ouvert. Mais aucun Président de la République n'était allé si loin que le Président Macron.
Aujourd'hui, grâce à lui, grâce aussi à tout ce que vous avez fait, à vos combats qui n'ont jamais cessé, à vos efforts qui n'ont jamais faibli, le mot Harkis est synonyme d'engagement, de dévouement et de fidélité.
Parce que les Harkis furent courageux, le terme est élogieux. Parce que les Harkis font honneur à la France, le mot est synonyme d'excellence. Non, le mot Harkis n'est pas, et ne deviendra jamais une insulte. Pas en France, pas sous la République.
Car notre pays ne peut oublier celles et ceux parmi les siens qui ont été d'une fidélité exemplaire même s'ils ont pu être cruellement meurtris pour croire en lui.
Vive la République !
Vive la France !
Seul le prononcé fait foi.

Film hommage aux Harkis
À l'occasion de la journée d'hommage aux Harkis, découvrez ou redécouvrez le clip hommage aux Harkis et aux autres membres des formations supplétives. Il a été diffusé pour la première fois lors de la cérémonie du 25 septembre 2021.
Ce film rend hommage aux Harkis et aux autres membres des formations supplétives qui ont combattu aux côtés de l’armée française pendant la guerre d’Algérie de 1954 à 1962.
Les images sont issues des fonds d’archives de l’Établissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense (ECPAD), elles sont contextualisées par les interventions d’un historien et les témoignages de deux anciens supplétifs.
SGA : 25 septembre : Journée nationale d’hommage aux harkis, aux moghaznis et aux personnels des diverses formations supplétives et assimilés
Cette journée a été instituée en reconnaissance des sacrifices consentis et des sévices subis par les harkis, moghaznis et personnels des diverses formations supplétives et assimilés du fait de leur engagement au service de la France lors de la guerre d’Algérie, entre 1954 et 1962. Depuis sa création en 2003, cette commémoration donne lieu chaque année à l’organisation d’une cérémonie à Paris et dans chaque département.
La Commission recueille la parole des Harkis,
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► POUR MÉMOIRE, les dossiers de réparation sont instruits par l'Office national des combattants et des victimes de guerre qui vous accompagne dans la constitution de votre dossier et pour toutes questions sur son suivi. Pour cela appelez le numéro vert 0801 907 901.
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